L’équipe EVIDANS en collaboration avec Station [e]-Santé dévoile sa policy brief liée aux conditions d’efficacité des applications en santé.
« Les applications de santé sur smartphones occupent une place croissante dans la prévention et l’accompagnement des populations. Rien qu’en 2024, les catégories Health & Fitness ont enregistré 3,6 milliards de téléchargements à l’échelle mondiale. Le marché du Global Digital Health est, lui, en pleine expansion : 241 milliards de dollars en 2024, avec une croissance annuelle prévue de +26,3 % d’ici 2033.
Face à cet essor spectaculaire, une question centrale se pose :
La popularité d’une application santé garantit-elle réellement son impact ?
La réponse est non. Financer une application de santé ne revient pas à soutenir une idée innovante sur le plan technologique : il s’agit d’investir dans un changement de comportement durable chez ses utilisateurs. Cela nécessite une approche structurée, fondée sur les sciences comportementales, l’accessibilité, l’évaluation continue et la gestion efficace des ressources.
Dans cette note de politique, l’équipe EVIDANSE nous proposons un cadre pour aider les financeurs, institutions et développeurs à maximiser l’efficacité des applications santé tout en optimisant les investissements.
Une application santé efficace repose sur des mécanismes d’action clairs : quels comportements cherche-t-elle à modifier ? Quels leviers utilise-t-elle (nudges, planification, feedback, auto-suivi, renforcement…) ?
Beaucoup d’applications fixent des objectifs ambitieux — améliorer l’alimentation, augmenter l’activité physique, réduire les consommations à risque… — sans détailler la feuille de route permettant de les atteindre.
Résultat : un écart fréquent entre les intentions initiales et les résultats observés.
Un cadre theory-based permet de :
augmenter les chances de produire un véritable changement de comportement,
s’assurer que les fonctionnalités ne sont pas seulement séduisantes, mais réellement efficaces,
vérifier que l’application est accessible à tous, notamment aux publics pour lesquels l’impact serait le plus important.
Une analyse préalable de la qualité intrinsèque d’une application permet d’éviter :
❌ les fonctionnalités coûteuses mais inutiles,
❌ les stratégies inefficaces déjà identifiées dans la littérature,
❌ les pivots tardifs qui alourdissent les budgets.
Pour un financeur, cela signifie :
réduire les risques,
mieux anticiper les obstacles,
s’assurer que chaque euro investi contribue réellement aux objectifs de santé visés.
C’est un moyen concret d’optimiser les investissements dans un contexte où les budgets publics et privés doivent être utilisés de manière responsable et stratégique
Une application bien évaluée s’inscrit dans une logique d’amélioration continue.
Grâce à des indicateurs mesurables définis dès le départ, il devient possible :
de suivre rapidement si l’application atteint ses jalons,
d’ajuster l’orientation stratégique en temps réel,
de documenter les progrès et les impacts.
Cette clarté bénéficie autant aux institutions qu’aux financeurs :
tableau de bord simplifié,
meilleure transparence,
justification solide des choix et des investissements,
possibilité de réallouer les ressources de manière agile si nécessaire.
Dans un secteur en pleine explosion, l’enjeu n’est plus de produire « plus d’applications », mais de produire des applications réellement utiles, efficaces et accessibles.
L’évaluation préalable — fondée sur les sciences comportementales, l’accessibilité, les mécanismes d’action et les indicateurs d’impact — est aujourd’hui une condition non négociable pour garantir :
un impact réel sur la santé des populations,
une utilisation responsable des ressources,
et une innovation qui fait sens pour les utilisateurs.